Mobilité virtuelle et hybride

En ces temps de restrictions de déplacement et avec le passage d’urgence à l'enseignement en ligne, la Mobilité Virtuelle est sur toutes les lèvres, mais peu savent exactement ce que cela signifie. Cette pratique suscite donc beaucoup d'interrogations sur les implications pour les étudiants, les enseignants et les établissements d’enseignement supérieur. 

Vous trouverez ici des réponses et des informations pour permettre aux établissements de mettre en place une Mobilité Virtuelle... ou hybride.

Webinaire — Questions de mobilités : physiques, virtuelle ou... hybrides ? 

C’est quoi la Mobilité Virtuelle ?

Au-delà des définitions, une première approche de la Mobilité Virtuelle est de proposer à des étudiants une expérience de mobilité internationale telle qu’elle pourrait se réaliser dans un échange Erasmus classique (mobilité physique) mais en restant chez soi du fait de la crise.  Bien entendu, cela peut également être pour d’autres raisons (question financière, contraintes familiales ou professionnelles, handicap, suivi d’un traitement médical interdisant de partir à l’étranger…).

La Commission Européenne définit la Mobilité Virtuelle comme :

« Un ensemble d’activités basées sur les technologies de l’information et de la communication, dont l’apprentissage en ligne, qui permettent ou facilitent les expériences de collaboration internationales dans le contexte de l’enseignement, de la formation ou de l’apprentissage. »[1]

La Mobilité Virtuelle n’est pas nouvelle et il existe de projets datant des années 1990[2]. Toutefois, elle est souvent considérée comme étant un parent pauvre de la mobilité physique, et il est vrai que si l’on se contente d’inscrire des étudiants d’une université (pays A) dans des cours en ligne proposés par une autre université (pays B), on risque de passer à côté de l’expérience interculturelle. Certains préfèrent alors le terme COIL (Collaborative Online International Learning)[3] mais celui-ci est encore moins connu que la Mobilité Virtuelle.

Afin de tenir compte de cette dimension interculturelle, nous nous tournons vers une définition alternative :

« La mobilité virtuelle est une forme d'apprentissage qui s’appuie sur des composants virtuels à travers un environnement d'apprentissage entièrement soutenu par les TIC, et qui comprend une collaboration transfrontalière avec des personnes d'horizons et de cultures différents travaillant et étudiant ensemble, ayant, comme objectif principal, l'amélioration de la compréhension interculturelle et l'échange de connaissances »[4].

Deux facteurs clé de succès de la Mobilité Virtuelle : les compétences et la reconnaissance

Alors, que faudrait-il faire pour réussir la Mobilité Virtuelle ? Nous proposons d’aborder cette question sous le double angle des compétences et de la reconnaissance, en lien avec deux projets phare du programme Erasmus+ dans lesquels AUNEGe est impliquée.

Les compétences pour la Mobilité Virtuelle

Pour pouvoir proposer aux étudiants une expérience riche qui leur permet une véritable immersion (inter)culturelle, il est nécessaire de développer et de mobiliser des compétences spécifiques, autant du côté des enseignants qui accueillent des étudiants étrangers dans leurs cours en ligne que du côté des étudiants eux-mêmes. par ailleurs, les services des relations internationales et de scolarité, tout comme les enseignants de l’établissement d’origine, doivent être sensibilisés à l’ensemble des pratiques et des compétences nécessaires pour réussir la Mobilité Virtuelle.

Nous vous proposons pour ce faire une sélection de ressources issues du projet Erasmus+ OpenVM (Open Virtual Mobility) pour lequel AUNEGe est partenaire. 

Coordonné par la Beuth University of Applied Sciences (Allemagne), ce projet a pour objectif de favoriser l’adoption de la Mobilité Virtuelle (MV) dans l'enseignement supérieur en améliorant le niveau de préparation à la MV dans les établissements par une approche qui vise une montée en compétences de la part de l'ensemble des acteurs : les enseignants, les étudiants et les personnels administratifs dans les services de Relations Internationales et de scolarité.

Parmi les résultats de ce projet, un outil d’auto-positionnement et une série de 8 mini-MOOCs qui sont accessibles après inscription sur la plateforme Moodle du projet https://hub.openvirtualmobility.eu/login/index.php

L’outil d’auto-positionnement

Le but est de s’auto-évaluer sur l'ensemble des compétences requises pour une Mobilité Virtuelle réussie et d’identifier des pistes d’amélioration. https://hub.openvirtualmobility.eu/enrol/index.php?id=3

Une série de 8 mini MOOCs pour développer les compétences clé nécessaires pour une bonne mobilité à l’international, reconnues par des badges. Chaque mini-MOOC est organisé en 3 trois niveaux - Fondamentaux, Intermédiaire et Avancé.

Un badge est délivré à l’issue d’une évaluation en ligne pour chaque niveau. Le niveau ‘avancé’ comporte aussi une activité d’évaluation exigeant des preuves d’acquisition des compétences (via un eportfolio) ainsi qu’une évaluation  par les pairs. Les différentes compétences sont les suivantes, avec le lien d’accès.

En complément de ces ressources, le projet OpenVM a également réalisé :

  • Une collection de Ressources Éducatives Libres (REL) au soutien des compétences de Mobilité Virtuelle, qui sera progressivement alimentée avec des REL en plusieurs langues, dont le français https://www.openvirtualmobility.eu/oer/
  • Un référentiel de compétences pour la Mobilité Virtuelle, avec les intitulés et définitions des compétences sous une forme compatible avec le système européen de classification multilingue des aptitudes, compétences, certifications et professions (ESCO). http://cd.openvirtualmobility.eu/Dashboard

 Pour en savoir plus, consultez la page AUNEGe dédiée au projet OpenVM : https://aunege.org/nos-projets/openvm/

La reconnaissance des qualifications obtenues en Mobilité Virtuelle

Pour un étudiant en Mobilité Virtuelle, la partie de sa formation en ligne dans « l'établissement d’accueil » peut être effectuée sur une année entière, voire un semestre, mais cela peut aussi concerner un module ou un bloc de compétences. Le système ECTS aide beaucoup cette mobilité européenne en termes de reconnaissance inter-établissement mais n’est pas toujours adapté à ces nouveaux modes d’apprentissage « modulaires ». C’est pour cela qu’AUNEGe a réuni des partenaires experts dans le domaine au sein du projet Erasmus+  ECCOE (European Credit Clearinghouse for Opening up Education) pour développer un système de « digital credentials » (solutions numériques pour délivrer et reconnaître les qualifications).

Coordonné par AUNEGe, l'objectif principal de ce projet est de soutenir la flexibilisation des parcours à l’échelle européenne.. À l'appui de cet objectif global, le projet vise à accroître la confiance des étudiants, des établissements d'enseignement supérieur et des employeurs à l'égard des solutions numériques de reconnaissance des qualifications.

Le projet a démarré en septembre 2019 et le premier résultat sera ouvert dans le cadre d’une consultation publique courant juin 2020. Ceci concerne un modèle d’accord inter-institutionnel pour la reconnaissance des « digital credentials ». En attendant, nous vous conseillons de regarder vos accords Erasmus existants, pour voir si la Mobilité Virtuelle est déjà couverte… et si nécessaire de faire voter un avenant pour ouvrir cette possibilité aux étudiants. 

Pour en savoir plus, consultez la page AUNEGe dédiée au projet ECCOE : https://aunege.org/nos-projets/eccoe/

Les deux projets OpenVM et ECCOE sont soutenus par le programme Erasmus+ de l’Union européenne. 


[1] Guide du Programme Erasmus+ 2020 https://ec.europa.eu/programmes/erasmus-plus/programme-guide/annexes/annex-iii_fr

[2] https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00708375

[3]  http://coil.suny.edu/page/about-coil-0

[4] La mobilité virtuelle comme alternative ou complément à la mobilité physique. https://www.researchgate.net/publication/228561095_Virtual_mobility_as_an_alternative_or_complement_to_physical_mobility